Représenter l’histoire ;
organiser le temps
Porteur :
Annick Lantenois
bibliographie :
Balandier Georges, Le Grand dérangement, Puf, 2005.
Birnbaum Jean (dir.), Où est passé le temps ?, Folio essais, 2012.
Braudel Fermand, La Méditerranée et le monde à l’époque de Philippe II, (1949), Livre de poche, 2010.
De Certeau Michel, L’Écriture de l’histoire, Gallimard, Folio histoire, 1975.
Delacroix (C.), Dosse François, Garcia Patrick (dir.), Historicités, La Découverte, 2009.
Goody Jack, Le Vol de l’histoire. Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde, (2006), Gallimard, essais, 2010.
Hartog François, Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003.
Hartog François, Évidence de l’histoire, (2005), Gallimard, Folio histoire, 2007.
Koselleck Reinhart, L’Expérience de l’histoire, (1975), Seuil/Gallimard, Point Histoire, 1997.
Rosa Harmut, Aliénation et accélération, La Découverte, 2012.
En 2011 s’est tenue la journée d’étude « Design graphique et transmission de l’histoire », dont les actes paraîtront au printemps 2013. En 2012, en collaboration avec deux étudiants de 5e année, Alexandre Dechosal et Maxime Foisseau, nous avons exploré les modalités d’une chronologie dynamique du design graphique. Cet intérêt pour l’histoire s’inscrit dans un contexte de réflexion très active menée par les historiens sur les conditions de construction du récit historique et donc sur celle de l’organisation du temps.
La désactivation d’une conception téléologique du temps sous la pression post-moderne génère ce que François Hartog appelle un « changement de régime d’historicité1 ». Ce changement n’est pas issu du néant. Il s’enracine déjà dans les avant-gardes historiques et dans leur critique radicale, jusqu’au rejet, du passé. Il n’y a donc pas d’histoire strictement linéaire mais des tensions produites par la coexistence de forces de mouvement et de force de résistance à ce mouvement. La situation que nous vivons depuis une trentaine d’années cristallise ces tensions.
Alors l’un des rôle du design graphique n’est-il pas d’imaginer en dialogue avec le potentiel d’invention au coeur de la culture numérique et en collaboration avec des historiens, d’autres manières de représenter notre/nos conceptions du temps ? Il y a là un enjeu de transmission dont l’importance équivaut probablement à la circulation des représentations des résultats scientifiques dans les domaines des sciences dites « dures ». Cet enjeu est politique. Il ne peut y avoir de culture partageable sans l’adhésion même minimum à une conception du récit historique qui est un récit contribuant à l’organisation du temps et donc un travail sur la mémoire, ce que l’on doit garder, ce que l’on doit oublier. La représentation de ce récit et les compétences du design à inventer la forme au creux de la structure de ce récit sont les moyens par lequel ce socle peut aussi se construire.
Cette réflexion parcourt déjà les cours que je dispense à l’Ésad Grenoble-Valence sur l’histoire du design graphique qui ne cesse d’être reliée à l’histoire plus large de la culture visuelle. Ce programme est l’opportunité de la développer de manière spécifique avec l’apport de points de vue d’historiens, d’anthropologues et de designers.