Exposition – Zoe Beloff – Les émotions vont au travail
Bourse du travail
Place de la pierre
26000 Valence
Vernissage :
16 mai à 18 h
Infos pratiques :
16 mai au 4 juin 2017
du mercredi au dimanche
16h / 19h
Auteurs :
Gilles Rouffineau
Date :
11 mai
Les émotions vont au travail
Les objets connectés se mettent chaque jour davantage à notre service et nous promettent un monde magique peuplé d’assistants dévoués et discrets. Mais quelles réalités se cachent derrière cet argument commercial quand les données collectées à l’insu des utilisateurs sont ensuite monétisées ?
L’absence d’anti-virus sur les téléviseurs connectés inquiète du possible détournement de leur webcam. L’interdiction récente des jouets connectés en Allemagne et la condamnation de fabricants de sex-toys « intelligents » pour collecte illégale de données sont autant de faits récents presque incroyables, mais qui n’ont pourtant pas été annoncés le 1er avril dernier…
Dans son travail d’installation, Zoe Beloff ne dénonce pas simplement la possibilité de telles dérives, elle propose d’en saisir les fondements qui remontent au XIXe siècle, lorsque les techniques d’imagerie et d’enregistrement se sont mises au service du contrôle des corps et des affects. Divers registres d’images de fiction, empruntés aux cartoons américains ou au cinéma d’animation soviétique pour les enfants, témoignent de telles relations, qui révèlent non sans humour, la vie affective et rêveuse de la technologie.
Ni la science, de l’hystérie – saisie ou inventée par Charcot – à l’hôpital de la Salpétrière, ni les recherches chronophotographiques d’Etienne Jules Marey pour l’armée française, ne sont en reste pour inventer des moyens de fixer les gestes autant que les prescrire. Également présent dans cette installation, le graphisme d’information à la fois imaginaire et enfantin, du corps humain pensé comme machine industrielle par Fritz Kahn dans les années 20, rencontre l’usage offensif et meurtrier des drones, qui côtoient un discours ironique concernant l’Internet des objets. Balayant la chronologie, les continuités techniques se télescopent joyeusement, ironiquement et tragiquement.
Les emojis, rejouées sous la direction de Zoe Beloff sont des symptômes apparemment inoffensifs et ludiques d’un véritable langage visuel qui rappellent les expressions forcées du cinéma muet. Ils répondent en écho aux expériences de Duchenne de Boulogne visant à classifier, et identifier le mécanisme des expressions émotionnelles du visage à l’aide d’électrodes. Ainsi, traversant l’histoire depuis un siècle, les corps sont pris dans des dispositifs de mesures et de mise en formes graphiques qui expriment et façonnent aussi nos émotions. Avec notre complicité ou pas – aujourd’hui comme hier – et jusque dans le cloud des données, nos émotions sont mises au travail.
On comprend pourquoi les œuvres de Zoe Beloff qui adoptent le film, l’installation, la performance, le dessin et l’édition, sont fréquemment associées à un courant de recherche connu sous le nom d’archéologie des médias. Très documentés sur les origines et contextes techniques qui révèlent nos désirs, ses projets mettent en lien le passé et le présent, tout en cherchant à éclairer le futur de nouvelles perspectives.
conférence-rencontre
le 16 mai à Valence, à 15 h 30, rencontre avec Zoe Beloff au LUX, 36 Boulevard Général de Gaulle
biographie
Après son enfance à Edinbourg, Zoe Beloff quitte l’Écosse pour terminer des études artistiques de cinéma à New York en 1980. À partir de 1990, ses films, dispositifs interactifs, installations et performances ont été sélectionnés et montrés aux États Unis, au Canada, en Europe et dans le monde entier, de l’Australie à la Russie. En France, le Musée des Beaux Arts de Nantes, Le Fresnoy à Tourcoing, le FID à Marseille et le Centre Georges Pompidou ont inclus ses projets dans des expositions collectives.
expositions, installations personnelles
2015, « A World Redrawn : Eisenstein and Brecht in Hollywood », James Gallery, CUNY Graduate
Center, New York. Site web : aworldredrawn.com
2012, « The Days of the Commune », d’après Bertold Brecht, Philadelphie puis New York.
2011, « The Infernal Dream of Mutt and Jeff », Site Gallery, Sheffield.
2009, « Dreamland : The Coney Island Amateur Psychoanalytic Society and its Circle 1926-1972 », au Coney Island Museum, Brooklyn, et ensuite à Gent, Anvers, Madrid, Barcelone, Blackpool, Harvard et à Momenta Art, Brooklyn.
2008, « The Somnambulists », Arcite Gallery, Windsor Ontario, et Bellwether Gallery, New York, puis Los Angeles.
2005, « The Ideoplastic Materializations of Eva C. », Toronto et New York.
2003, « The Influencing Machine of Miss Natalija A. », installation vidéo interactive., Pittsburgh Filmmakers, Pittsburgh.
publications (en français)
« Les émotions vont au travail », co-édition ESAM Caen/Cherbourg, ESAD • Grenoble • Valence, 2017.
« Le Rêve Infernal de Mutt et Jeff », Trafic, revue de cinéma, n° 82, été 2012.
« Mettre en scène l’inconscient », Trafic, revue de cinéma, n° 69, printemps 2009
« Deux femmes visionnaires », Trafic, revue de cinéma, n° 44, hiver 2002.
«La vie rêvée de la technologie, Trafic, revue de cinéma, n° 30, été 1999.
publications, sous la direction de l’artiste
A World Redrawn : Eisenstein and Brecht in Hollywood, Christine Burgin, 2016.
Adventures of a Dreamer by Albert Grass, Christine Burgin, 2010.
The Coney Island Amateur Psychoanalytic Society and their Circle, Christine Burgin, 2009.
The Somnambulists: a compendium of sources, Christine Burgin, 2008.
numériques
« The Influencing Machine of Miss Natalija A. », documents : zoebeloff.com/influencing/
Where where there there where
1997 web, 1998 CD-rom, 2010 Flash online : zoebeloff.com/where/
Beyond,
1995 web, 1997 CD-rom, 2009 Flash online : zoebeloff.com/beyond/
Nombreux entretiens et textes de référence complémentaires