Live-Coding Debussy
Performance temps réel avec l’orchestre du Conservatoire à Rayonnement Départemental de Valence-Romans
Programme de recherche :
Programmation Visuelle
Auteurs :
Dominique Cunin
et
Maxime Bouton + Emile Greis
Date :
Le 20 janvier 2018 à Romans et le 27 janvier 2018 à Valence
Dans le cadre d’un événement de commémoration à Claude Debussy, décédé en 1918, organisé par Conservatoire à Rayonnement Départemental de Valence-Romans, à l’invitation de Didier Vadrot, directeur du conservatoire.
Live Coding et langage naturel
Pour une pratique artistique et performative de la programmation informatique
Dans son schéma habituel, la programmation informatique consiste en une séquence basée sur trois grandes étapes : écriture du code – compilation et exécution – débogage (correction et réécriture). En répétant cette séquence, un programme dont l’exécution répond aux besoins du projet parvient à être écrit. L’activité d’écriture du programme de celle d’observation de ses résultats sont donc séparées, en conséquence de quoi le code source, matrice de l’œuvre, devient imperceptible pour le spectateur. Le live-coding est une forme de programmation informatique qui cherche à bousculer cet état de fait. Rendu possible par l’interprétation du code source à la volée, le principe du live-coding est que l’écriture d’une instruction amène immédiatement à son exécution, sans étape de compilation préalable. L’effet d’une ligne de code est donc « instantané » et permet l’observation de ses résultats en temps réel, ou encore en live. Les musiciens de la scène électronique sont parmi les initiateurs de ce mouvement. Fondamentalement, il s’agit pour eux de rendre un peu plus transparentes les boites noires que sont les ordinateurs en écrivant le code source devant le public, pendant la performance musicale elle-même. Cette pratique c’est rapidement développée pour la création visuelle, le plus souvent en association à la musique, dans le sillage des visual jockeys (VJ).
L’hypothèse des live-coders est que l’écriture progressive du code doublée de l’apparition immédiate des résultats visuels permettent aux spectateurs de mieux appréhender la relation entre le code et ce qu’il génère, puisque l’ensemble des étapes de la création de la scène graphique est rendu visible.
Cependant, cette hypothèse peut provoquer des effets contraires à sa motivation : parce que le code source et son langage d’écriture leur sont totalement incompréhensibles, les spectateurs peuvent se sentir mis à l’écart, évacués du processus de réception, rendant ainsi la performance encore plus opaque.
Les deux versants de cette hypothèse fondatrice du live-coding sont à l’origine des environnements logiciels que nous avons réalisés pour cette occasion.
Dactyloplodocus, outil de live coding créé par Maxime Bouton et Emile Greis, fait en sorte que les effets visuels provoqués par l’écriture du code interfèrent avec l’environnement même du texte, révélant sa forme technique – dactylographique. On découvre sa géométrie et ce qui la compose : le caractère, la couleur, la ligne, la colonne, la grille. Une exploration des potentiels plastiques du texte est alors permise, en référence à la tradition du calligramme.
La proposition de Dominique Cunin s’inscrit dans les recherches concernant le traitement automatique du langage : et si nous pouvions parler (ou écrire) à nos machines numériques pour les programmer ? Dans l’environnement expérimental de live-coding en langage naturel qu’il a construit, des phrases écrites en français deviennent le code source et la matière première d’une création graphique « écrite » en live.
Parce que Claude Debussy était un artiste particulièrement sensible aux pratiques d’écriture (musicale, littéraire, poétique, picturale) et plutôt enclin à « bousculer » les paradigmes esthétiques établis, nous avons choisi de fonder nos créations visuelles principalement sur du texte qui, par l’enchaînement des mots, se transforment en compositions abstraites.
Crédits
Dominique Cunin (PhD), artiste, enseignant en médias numériques à l’Esad•Valence, chercheur à EnsadLab, laboratoire de l’École Nationale Supérieure des Arts décoratifs de Paris.
Maxime Bouton & Emile Greis, étudiants en Master Design Graphique à l’Esad•Valence.
Les technologies employées pour ces projets reposent sur des standards ouverts et publics (DOM, HTML, Javascript).
Programme musical
Petite suite (1886-1889)
Prélude à l’après-midi d’un faune (1892-1894)
Nocturnes (1897-1899)
Captures d’écran effectuées automatiquement lors du concert de Romans (Dominique Cunin)
Captures d’écrans de Dactyloplodocus (Maxime Bouton et Emile Greis)
Capture vidéo de Dactyloplodocus (Maxime Bouton et Emile Greis)
Document vidéo de la représentation du 20/01/2018 au théatre des Cordeliers de Romans
Document vidéo de la représentation du 27/01/2018 à l’église Sainte Catherine de Valence